Cette légumineuse est pluriannuelle (3 à 6 ans) et permet plusieurs récoltes dans l’année. Elle présente des adaptations à la sécheresse et au froid en tolérant des amplitudes thermiques pouvant aller de -30°C à +40°C. De plus, l’alfalfa (comme on l’appelle ici) permet de soulager la fertilisation azotée, car c’est une plante économe en azote. Le peu de fertilisation réalisée se fait de façon étonnante. Après avoir ramassé manuellement et broyé les bouses séchées de lama, les agriculteurs les dispersent sur les cultures au moment des semis.
Ici, il n’y a pas de problème d’accès à l’eau. Putre est alimenté par la rivière Lauca qui fournit abondamment de l’eau de bonne qualité. Ainsi, l’irrigation des terres s’est développée pour aboutir à un vaste réseau très bien organisé.
Les veines d’eau sont bien visibles vues du ciel. Au sol, ce sont soit des dispositifs rudimentaires comme des pierres et des barrages de terre, soit des vannes métalliques couplées à des goulottes en béton, qui permettent l’acheminement de l’eau…
… jusqu’aux cultures de luzerne
Cette parcelle de luzerne est exploitée par Leo et Lydia, aidés de leur fille Francica. Les ayant rencontré la veille, j’ai pu apprendre que la surface totale de leur exploitation est de 1,5 hectare, ce qui, comparativement à la surface d’une exploitation française (60 ha), est peu. Sur la photo précédente (cliquer dessus pour l’afficher en pleine page), on distingue, à gauche de l’ombre du parapente, des filets parsemés de linge de couleur. Il s’agit d’une barrière pour empêcher les cerfs de venir consommer la production. A Putre, comme dans les autres villages de l’altiplano et de la précordillère, la mécanisation agricole est absente. A ceci, s’ajoutent des conditions climatiques difficiles qui rendent le métier d’agriculteur usant. L’espérance de vie des membres de la communauté Aymara est de 62 ans, une des plus faibles d'Amérique du Sud !
L’érosion des sols est un phénomène préoccupant à Putre. Le vent, l’eau et les fortes amplitudes de température malmènent la texture très friable des sols agricoles. Sur les versants montagneux, le principe des terrasses est une très bonne réponse à la perte de sol. Mais sur les parcelles de « plein pied », qui sont entourées de vertigineux ravins, la lutte contre l’érosion semble difficile. Ici, il y a un recul croissant de la surface cultivable.