Bonjour à tous,
Voici le complément d'informations concernant le peuple Mapuche.
Les Mapuches (peuple de la Terre) constituent le principal groupe indigène du Chili. C’est la première et la seule nation indigène des Amériques dont la souveraineté et l’indépendance ont été juridiquement reconnues. Mais cette reconnaissance n’a été gagnée qu’après une lutte qui a duré des générations.
Originaires de cette région de l’Araucanie, les Mapuches subirent pendant 300 ans les attaques du royaume d’Espagne. Aujourd’hui encore, ils subissent la pression de l’état chilien. Depuis le début de leur résistance, les 100 000 km² de leur vaste territoire se sont réduits à 5 000 km² de reducciones (zones de peuplement).
Malgré le traité de Killin, conclu en 1641 avec l’empire espagnol pour renforcer l’autonomie territoriale de Mapuches, et les 28 autres accords qui ont jalonné deux siècles de relations diplomatiques tendues, cette population reste menacée d’extinction, tant physique que culturelle. A la fin des années 1800, les armées chilienne et argentine ont massacré 100 000 d’entre eux. Aujourd’hui, ils représentent 4 % de la population chilienne.
La réforme agraire lancée entre 1965 et 1973 permit d’améliorer le sort des Mapuches. Mais le coup d’Etat militaire de 1973 a anéanti beaucoup d’avancées obtenues et la dictature de Pinochet fut très oppressante envers ce peuple indigène. Depuis le retour de la démocratie en 1989, le peuple Mapuche a remporté quelques succès minimes dans sa longue lutte pour obtenir réparation et récupérer ses terres. Cependant, de puissants intérêts commerciaux sont parvenus à annuler un grand nombre de décisions de justice visant à leur accorder des parcelles de terres. Les procès initiés par les Mapuches sont perdus d’avance…
Aujourd’hui, beaucoup de Mapuches ont immigré dans les villes. Ceux qui restent sur le territoire de leurs ancêtres (le Wallmapu) sont organisés en quatre régions géographiques (Meli wixan-mapu), constituées chacune d’un ensemble de 8 districts (aylla rewe). Ces districts sont composés à leur tour de communautés désignées par le mot lof.
Comme le rapporteur spécial de l’ONU, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme dénoncent la politique oppressive de l’état chilien. A Temuco, des manifestations se déroulent quasi quotidiennement.
Les touristes, les réalisateurs de cinéma et les journalistes étrangers ne sont eux-mêmes pas à l’abri. Il est fréquent de subir les interrogations de la police pour avoir visité des communautés mapuches qui revendiquent la propriété de leurs terres. A titre d’exemple, deux réalisateurs français on été arrêtés en mars 2008 pour avoir parlé à un dirigeant mapuche.
Aujourd’hui dépossédés de la majeure partie de leurs terres ancestrales, ils vivent grâce à une très petite agriculture et à l’artisanat.
Ils poursuivent leur lutte et réussissent à conserver tant bien que mal leur langue (le mapudungun : la langue de la terre), leur religion et leur structures socio-politiques. Le chemin pour gagner leur liberté et leur indépendance contre l’état chilien est encore long. En effet, la balance entre les intérêts financiers participant au développement du pays d’une part et la reconnaissance de la propriété de la terre, des attaches ancestrales des Mapuches d’autre part, leur est souvent défavorable.
C’est dans ce contexte que 32 prisonniers politiques mapuches ont mis fin, le 9 octobre dernier à une grève de la faim longue de 85 jours. Ils protestaient contre l’application de la Loi anti-terroriste au nom de laquelle 96 militants mapuches ont été arrêtés. Cette loi permet aux tribunaux militaires de juger des civils, et d'auditionner des témoins "protégés" dont les déclarations sont anonymes. Largement appliquée pendant la dictature de Pinochet contre les militants de gauche, les prisonniers mapuches sont aujourd'hui les seuls à se voir appliquer cette justice à deux vitesses. A cause de cette loi ("présomption de culpabilité"), les accusés sont judiciairement dépourvus de tous les moyens de défense du Droit commun. Cet élément témoigne de la marginalisation grandissante que subit ce peuple.