L’eucalyptus
Cet arbre originaire d’Australie est répandu dans la région. Il y en a partout : dans des haies, des parcelles de bois, à l’intérieur des terres, au bord de l’océan comme cette parcelle de 56 hectares…
Dans le secteur, les eucalyptus sont de taille petite (<10 mètres) à moyenne (entre 10 et 30 mètres). C’est un arbre dont les feuilles sont odorantes et dont l’écorce a la particularité de se détacher en lambeaux.
Du fait de sa croissance rapide, c’est un arbre largement utilisé lors du reboisement de zones sujettes à l’érosion par exemple. Cette propriété fait qu’il est également utilisé en sylviculture industrielle pour la fabrication de pâte à papier. Par contre, il est peu employé en menuiserie à cause de son bois qui a tendance à crevasser. Il se développe préférentiellement sur les sols acides et humides. Il est d’ailleurs planté pour assécher les sols de zones humides. Voici une parcelle sylvicole fraîchement coupée.
Cependant, l’implantation d’eucalyptus présente des risques d’accélération de l’acidification des sols. Aussi, la litière de feuilles d’eucalyptus est toxique pour le reste de la végétation. Ces deux éléments ajoutés à sa croissance rapide indiquent que l’eucalyptus n’est pas sans impact sur la biodiversité des zones sur lesquelles il se développe.
Voici une vue plus générale de la parcelle d’eucalyptus.
La pointe s’enfonçant dans l’océan s’appelle la Puntilla de Quintero. Elle est dotée d’une organisation très régulière en pâtés de maisons. Certains quadras mesurent 100*100m et d’autres, 200*100m. La toiture des maisons est généralement faite de tôles.
A proximité, se trouve une raffinerie de pétrole alimentée par d’immenses pétroliers. En voici un qui décharge sa cargaison. Le fonctionnement de deux hélices latérales rendues visibles par les remous blancs participe, en plus des câbles de traction, à maintenir le bateau le plus près possible du quai.
Il n’était pas nécessaire de voir la raffinerie pour se douter de sa présence, tant les émanations odorantes piquaient les yeux et la gorge. Pourtant, je suis resté à distance de la nappe de fumée qu’on distingue à la verticale des installations. Mark m’avait déconseillé de passer au-dessus, je comprends maintenant pourquoi.
Le vent dominant est un vent marin. Donc, toute la fumée se retrouve chassée à l’intérieur des terres causant, comme on peut se l’imaginer, des nuisances et des risques pour la santé des habitants vivant à proximité. Cette pollution impacte directement, et de manière visible, l’environnement en périphérie de la raffinerie. La photo suivante le montre :
Le sol est parsemé de tâches claires, comme si la végétation avait été brûlée. Je n’ai pas eu l’occasion de me rendre sur place, mais Anne m’a expliqué que lorsqu’on sillonnait la route visible sur la photo, le paysage semblait stérile en certains endroits.
D’autres lieux sont aussi en proie à une stérilité, mais pas pour la même raison…
L’eutrophisation
C’est un phénomène qui touche les milieux aquatiques et qui peut conduire, à terme, à les rendre stériles. L’eutrophisation survient lorsqu’un cours d’eau ou un lac reçoit trop de nutriments assimilables par les algues qui se mettent alors à proliférer. Ces nutriments, comme le phosphore (contenu dans les phosphates) ou l’azote (contenu dans l’ammonium et les nitrates) sont en général issus de la sur-fertilisation agricole, des rejets urbains ou industriels : la raffinerie se trouve tout près de zones touchées par l’eutrophisation décrites plus loin.
Les algues mortes se déposent alors en profondeur. Elles sont dégradées par les bactéries aérobies (consommatrices de dioxygène) qui prolifèrent à leur tour. Ainsi, comme elles consomment de plus en plus de dioxygène, la teneur de ce gaz dissout dans l’eau diminue. La consommation de dioxygène devient supérieure à sa production. Les bactéries ne peuvent donc plus dégrader la matière organique qui s’accumule sur le lit du cours d’eau ou sur le fond du lac. Avec la baisse de la concentration en dioxygène, des organismes aquatiques (larves d’insectes, poissons) meurent ; leur décomposition, consommatrice de dioxygène, amplifie le déséquilibre.
Animation issue de la page : http://beuvry.unblog.fr/tag/eau/eutrophisation/
Les conséquences du phénomène d’eutrophisation sont multiples. Il entraîne une augmentation du volume d’algues, de phytoplanctons toxiques et d’organismes pathogènes. La qualité de l’eau est fortement impactée. De manière extrême, ce phénomène engendre une perte de la biodiversité et conduit donc à la dégradation des écosystèmes. « De manière extrême » car l’eutrophisation intègre également de manière très lente et naturelle, le processus de transformation de lacs peu profonds en marais, marécages, puis en prairies et finalement en forêts.
J’ai pu constater la lenteur du phénomène. Ci-dessous, une zone d’eau stagnante se trouvant à cinq kilomètres de la raffinerie. La végétation s’est bien développée. Le processus décrit précédemment semble se faire de la périphérie vers le centre puisqu’il ne subsiste qu’une faible surface centrale d’eau claire.
La comparaison de cette photo avec une image satellite datant de décembre 2004 indique que le phénomène est relativement lent. En effet, on constate simplement une faible réduction de la surface en eau, pointée par la flèche orange.
En six ans, seuls quelques végétaux se sont développés au centre de la zone. On peut aussi remarquer l’impressionnante croissance de la forêt d’eucalyptus qui n’existait pas en 2004 (flèche verte).
L’eutrophisation touche principalement les eaux dormantes ou les cours d’eau ayant un faible débit comme c’est le cas pour la photo ci-dessus.
Ce sont des lentilles d’eau qui confèrent à cette surface une couleur vert-fluo. Les eaux usées d'habitations sont directement déversées dans ce cours d’eau. On peut donc penser que l’apport excessif de matière organique et de phosphate contenu dans les lessives peuvent être à l’origine de cette eutrophisation. Pour lutter contre ce phénomène, il existe plusieurs moyens :
· diminuer et raisonner les doses de fertilisants apportées aux cultures
· continuer à développer l’implantation de haies en cohérence avec le relief des sols afin de retenir les eaux pluviales et éviter ainsi, si elles sont chargées en éléments « eutrophisants», qu’elles ne se déversent dans les milieux aquatiques.
· remplacer les phosphates des lessives par des substituants non eutrophisants.
· doter les maisons de systèmes individuels ou collectifs de traitement des eaux usées.
Conclusion
L’étape de Santa Adela a été riche en rencontres même si je n’y suis resté que quelques jours. Malgré le peu de temps pour lier des relations, les personnes que j’ai pu rencontrer sont à l’image de leur territoire : chaleureuses.
Elles vivent dans un environnement où des activités variées s’y concentrent : petits et grands élevages d’équidés, de bovins ; exploitation de bois ; raffineries ; industries du cuivre, chimiques ; activités de tourisme, de loisirs ; en ville ou en campagne. Vu du ciel, ce dynamisme se traduit par un territoire à l’apparence hétérogène où les activités humaines semblent cohabiter dans un espace restreint.
La densité des activités, bien que favorable au dynamisme économique de la région, n’est pas sans effet sur son environnement, en atteste le phénomène d’eutrophisation visible dans de nombreux écosystèmes aquatiques.
A bientôt !