Bonjour à tous !
Je me trouve à Chillán, une ville de 180 000 habitants, située dans la région VIII del Biobío, à 430 km au Sud de Santiago.
Cette ville n’était pas au programme de l’itinéraire du projet Aéro-Chili. Au début du mois de décembre, un parapentiste de Chillán m’a appelé pour me proposer de m’accueillir et de me faire découvrir ce secteur dominé par l’agriculture. C’est donc avec plaisir que j’ai accepté l’invitation de Francisco et Kena Arevalo.
Kena est gérante d’un petit magasin de vêtements et Francisco est un ancien carabinero (policier) à la retraite qui travaille actuellement dans la construction de maisons. Durant les quatre jours passés sur place, il s’est montré très disponible. Merci à eux et à leurs deux filles pour leur accueil !
J’ai pu réaliser deux vols. Lors du premier, le ciel était couvert et surtout, les nuages étaient bas, plus que ce que je ne pensais. A partir de 200 mètres de hauteur, j’entrais dans les nuages ! Je suis donc resté en dessous mais la vue n’était pas très haute, ni lumineuse :
Le ciel du deuxième vol était plus dégagé, ce qui m’a permis de monter à 1 500 mètres :
Voici Chillán vue du ciel.
Visite de l’INIA de Quilamapu
L’INIA (Instituto de Investigaciones Agropecuarias) est un institut de recherche agricole. Il a été créé en 1964. C’est la principale institution de recherche agricole du Chili. Bien que dépendant du ministère de l'agriculture, l’INIA est aussi financé par des fonds privés.
La mission de l'INIA est l'innovation dans les diverses productions agricoles afin d’améliorer la compétitivité et la viabilité de l’agriculture chilienne. Les thèmes de recherche portent aussi bien sur la fertilisation des cultures céréalières et des arbres fruitiers que sur la détection des maladies, la nutrition animale, la qualité des produits transformés.
L’INIA dispose d'une couverture géographique nationale par le biais de dix centres régionaux de recherche, des laboratoires, des centres de documentation. L’INIA effectue aussi des prestations de service pour de grandes firmes semencières. Lors de mon passage, l’institut de recherche testait des semences d’orge pour le semencier BASF.
Malheureusement, je n’ai pas réussi à survoler les champs de l’INIA car je n’avais pas assez de carburant pour les atteindre.
Le centre expérimental de l’INIA de Quilamapu s’étend sur 630 hectares. Il est administré par Waldo Ortiz qui encadre une équipe de 40 personnes sur les 200 travaillant dans l’institut de recherche.
Le centre teste des semences de plantes diverses : blé, orge, avoine, triticale, riz, maïs, graminées pour pâturage et fourrage, lentilles, oignons, haricots, fraises et framboises.
Les lieux m’ont été présentés par Luis Vabres qui est technicien agricole, spécialisé en malherbologie (étude des mauvaises herbes). Il m’a montré les travaux des foins.
Ces petites bottes carrées vont être vendues à un particulier qui a exigé une qualité de fourrage particulière.
Sur une autre parcelle, Christian Villaro récolte ses essais. Il teste différentes natures de prairies temporaires (= semées) à base de graminées (Ray-grass italien ou anglais, dactyle, fétuques), de légumineuses (luzerne, trèfle blanc ou violet), de mélanges graminée-légumineuse (Ray-grass anglais - trèfle blanc, dactyle - luzerne). Pour un même essai, différentes combinaisons d’apport en fertilisants (azote, phosphore, potassium) sont faites. L’objectif de ces essais est de déterminer, pour diverses utilisations de la pâture ou du fourrage, l’optimum entre rendement et apports en fertilisants.
Lorsque la plante a atteint la maturité suffisante, Christian la récolte à l’aide de la tondeuse. Il va ensuite déterminer le rendement en matière sèche par hectare de chaque essai. Pour cela, il pèse l’herbe fraîchement coupée. Ensuite, il la met à l’étuve pendant 48 heures à 80°C afin d’en évaporer l’eau. C’est un four où les conditions de température sont précisément contrôlées. Enfin, il repèse l’herbe en sortie d’étuve, ce qui lui indique la matière sèche de l’essai considéré, et donc, lui permet de connaitre l’essai le plus intéressant.
Miguel Soto est en train de désherber manuellement une parcelle d’oignons. Deux variétés sont testées afin d’obtenir les plus gros oignons du Chili me dit-il ! Leurs doux noms sont B2 et C1 ^^. La parcelle de droite est recouverte d’oignons montés en fleurs. Miguel en récoltera les graines qui seront ensuite vendues à des producteurs.
L’INIA de Quilamapu s’est spécialisé dans la recherche rizicole. Six variétés de riz sont actuellement en test et quatre sont déjà commercialisées.
Selon Sergio et Bernardo, les axes de recherche s’orientent vers l’amélioration des rendements dans des conditions climatiques de plus en plus sèches.
Voici la zone expérimentale concernant le blé :
Chaque couleur représente une variété. Vous pourrez trouver ici les caractéristiques des variétés déjà commercialisées.
Dommage que je n’ai pas réussi à survoler ces parcelles car ça devait être beau vu du ciel.
L’agriculture de la province de Ñuble
Cette zone est bercée par climat tempéré chaud, semblable à celui de Santiago, même si l’augmentation des précipitations et une saison de sécheresse plus courte lui confèrent des caractéristiques distinctes. La province de Chillán est plane. Elle est très rurale avec des habitations éparpillées. Beaucoup de gens sont agriculteurs ou possèdent au moins une parcelle pour y faire un grand potager ou nourrir le bétail pour l’autoconsommation.
La répartition des terres s’organise selon deux niveaux.
Le premier constitue un damier relativement régulier (au fond de la photo ci-dessous) incluant le deuxième niveau : un agencement des parcelles moins symétrique et des contours davantage irréguliers.
Au centre de la photo, on aperçoit deux cercles. Il s’agit de cultures irriguées par un système appelé : « à pivot central ». Dans la région, ce mode d’irrigation se développe de plus en plus. Le paysage se transforme et l’organisation originelle en damier se ponctue de disques.
Les haies qui matérialisent le quadrillage sont constituées de pins, d’eucalyptus, mais surtout de peupliers. Ces derniers se développent préférentiellement aux abords des cours d’eau et des canaux d’irrigation.
Les sols du secteur sont des sols présentant des caractéristiques propices au phénomène d’érosion. Cependant, l’absence de forts dénivelés atténue les risques qui se limitent aux rives des cours d’eau comme le Rio Chillán :
L’agriculture se pratique à petite et moyenne échelles. Elle n’a rien à voir avec les parcelles de centaines d’hectares que j’ai pu voir à Ovalle. Il y a très peu de zones laissées à l’abandon ; tout ce qui peut être cultivé l’est.
Chillán se situe au cœur d’une importante région agricole du pays avec, comme productions dominantes : le blé, l’orge, le maïs et la betterave. On rencontre aussi du riz et des productions maraichères. La rotation (succession des cultures sur une même parcelle) caractéristique du secteur est : tournesol – maïs – blé. A noter que la monoculture de maïs est possible et aussi largement réalisée.
Des exploitations de polyculture-élevage utilisent des pâtures pour leurs vaches laitières. Ces prairies sont inclues dans une surface totale comprise entre 50 et 200 hectares pour un troupeau laitier dépassant rarement 100 vaches.
J’ai aussi constaté à plusieurs reprises la présence d’une toute petite agriculture utilisant la traction animale…
…jusqu’à rencontrer des exploitations mécanisées de 200 hectares :
Petit clin d’œil à Jean-François V.
Entre les deux, il y a des propriétés de taille moyenne, comme celle de Leonardo Avilera.
Je l’ai rencontré pendant qu’il andainait une parcelle d’avoine. Ce travail consiste à aligner l’avoine fauchée en « andains » pour en faciliter le ramassage. Voici sa parcelle vue du ciel :
Il exploite seul 80 hectares de terre et trait 40 vaches laitières de race Angus.
Cette race est renommée pour ses caractéristiques maternelles : facilité au vêlage et production de lait. Elle est en général élevée à des fins bouchères. L’Angus ne possède pas de corne, ce qui cause moins de risques de blessures pour l’agriculteur et entre les vaches elles-mêmes. La salle de traite de Leonardo lui permet de traire six vaches à la fois :
L’eau qui recouvre le sol de l’aire d’attente n’est pas due aux précipitations, mais à un canal d’irrigation débordant.
Dans la province, on rencontre deux types d’irrigation : gravitaire avec des canaux creusés (raies à gauche) et l’irrigation par aspersion à pivot central (disque à droite).
Exemples d’irrigation gravitaire :
Les mêmes parcelles vues sous un autre angle :
La suite arrive bientôt dans une seconde partie.