Des chevaux et du rodéo
En arrivant dans la région, je savais qu’il y avait du rodéo, mais je n’imaginais pas que ce sport était à ce point répandu. Il y a des élevages partout ! Et pour cause, il s’agit d’un sport national. Le rodéo chilien est le deuxième sport le plus populaire après le football ! C’est principalement dans la région centrale du Chili qu’il est pratiqué. Chaque année au mois d’avril, se tient à Rancagua le « Champion de Chile », le plus important tournoi de la discipline. Le rodéo chilien est bien différent de l’image véhiculée par celui pratiqué aux Etats-Unis. Il s’agit plus d’un sport d’habileté avec son cheval que de force. Une « carrera » de rodéo (course) se déroule de la manière suivante : deux cavaliers en tenues traditionnelles (huasos) avec leurs chevaux, exclusivement de race chilienne (caballos Chilenos), doivent poursuivre un taureau dans une arène appelée « medialuna ».
Une fois arrivés dans une zone appelée « atajada », les deux cavaliers doivent bloquer le taureau selon une série d’exigences techniques. Lors du blocage, les points acquis varient selon la partie du corps du taureau compressée par le poitrail du cheval.
Voici la vidéo d’une carrera :
J’ai pu rencontrer deux éleveurs de chevaux de rodéo qui ont des élevages de taille et de conduite différentes.
Le premier est Luis Aguire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce jeune homme de 77 ans n’a pas perdu de sa fougue d’antan. Il a même réussi à la transmettre à ses petits-enfants.
Il possède trois chevaux chiliens qu’il élève sur deux hectares et dresse avec le plus grand soin. Le dressage des chevaux commence à l’âge de 3 ou 4 ans et dure un peu plus d’une année. Ensuite, quand le cheval est prêt, il est vendu à d’autres propriétaires. Luis me montre son savoir-faire avec fierté en faisant galoper son cheval dans la medialuna. C’est très impressionnant, surtout lorsqu’il fait des passages où le cheval galope perpendiculairement à la palissade.
Alors quand Luis me propose d’essayer, c’est non sans enthousiasme que je monte sur le cheval.
Il est nerveux, mais j’aime bien…
Le cheval n’a pas l’air du même avis ^^.
Le deuxième propriétaire que j’ai rencontré s‘appelle Maximiliano Bozzo. A l’aide de quatre salariés, il élève une centaine de chevaux Chilenos pour la viande et pour le rodéo.
Chaque année, il en exporte entre 4 et 6 au Brésil. Maximiliano possède plusieurs reproducteurs dont un étalon de 20 ans, d’excellent pedigree, qu’il utilise en monte naturelle à hauteur de 20% des inséminations. Le reste se fait par insémination artificielle. Cette technique de fécondation est la plus utilisée car, en plus d’une mise en œuvre facile, elle présente moins de risques sanitaires et offre un choix plus large de reproducteurs.
Maximiliano vend les reproducteurs entre 2 et 5 millions de pesos soit entre 3 200 et 8 000 euros. Les chevaux pour le rodéo sont vendus à un prix moyen de 3 millions de pesos, soit 4 700€, débourrage et dressage compris.
Pour nourrir son troupeau équin, Maximiliano exploite 15 hectares de luzerne, 100 hectares de prairie et un peu d’avoine. Voici un aperçu de ses terres.
La parcelle apparaissant de trois couleurs différentes est une prairie dont les deux bandes de droite viennent d’être fauchées. Leur différence de couleur indique que la fauche de la bande de droite est antérieure à celle du milieu. On constate une fois de plus la présence de haies autour de la parcelle et d’arbres solitaires en son centre. Le cercle en haut à droite est la medialuna qui sert au dressage des chevaux de rodéo. J’ai rencontré le propriétaire alors qu’il ramassait les bottes de foin avec un pick-up.
Maximiliano (en rouge) vend également du fourrage à d’autres éleveurs de chevaux. J’ai pu l’accompagner dans sa tournée.
Maximiliano travaille étroitement avec son père, Umberto Bozzo-Dumont qui possède un troupeau de 60 bovins de race Clavela Chilena et Holandesa (Prim’Holstein).
Les taureaux serviront au rodéo puis à la boucherie. Les femelles sont des vaches allaitantes, c'est-à-dire que le veau tète et qu’elles ne sont pas traites par l’agriculteur.
C’est étonnant de constater la présence de Prim’ Holstein pour un débouché orienté vers la viande, sachant que cette race est réputée pour sa forte production laitière. J’ai eu la chance de recevoir de la part d’Umberto une certification de pedigree d’un des étalons reproducteurs de son fils.
Voici, vue sous un autre angle, la prairie montrée précédemment. En haut à droite, et entourée de haies, se trouve la pâture du troupeau bovin d’Umberto. Les bâtiments adjacents à cette rangée d’arbres sont l’exploitation et la maison de Maximiliano ; les autres plus petits sont ceux de son père.
Un autre élevage bovin
A proximité de la dune au premier plan, se trouve une partie des terres de Raviel Baque. Il est propriétaire d’une exploitation de 250 hectares, principalement de prairies. Cette Surface Agricole Utile (SAU) est importante puisqu’elle est près de dix fois supérieure à la moyenne du secteur. Voici une autre parcelle appartenant à ce propriétaire.
Ces terres sont pâturées par un troupeau de 700 vaches de race Clavela Chilena dont voici un petit aperçu.
Ici, les vaches sont utilisées exclusivement pour la production bouchère.
Ernesto Reterna, Juan Bonse et Raul Verdera sont trois des employés de l’exploitation. Ils sont en train d’ouvrir des canaux d’irrigation à l’intérieur de la pâture, d’une part pour apporter l’eau nécessaire à la croissance de l’herbe et d’autre part pour abreuver les animaux. On remarque aussi la dune en arrière-plan.
Raviel Baque exploite également 4 hectares qu’il sème en fleurs pour la production de graines. Il s’agit de la parcelle marron apparaissant sur la première photo du chapitre (au centre, on y voit le tracteur). Ici, à l’aide d’un semoir à engrais monté sur une herse, l’ouvrier Jose Fuente apporte du nitrate d'ammonium. C’est un fertilisant qui précède le semis.
En fond, on remarque la végétation d’arrière-dune. En plus de sapins, il y a beaucoup d’eucalyptus (article suivant).