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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 16:11

¡Hola hola!

 

Carte     Je suis à Santa Adela, un lieu-dit à proximité de la ville de Viña del Mar. Il s’agit du commencement de la région centrale du Chili. En France, lors de la préparation du projet, j’avais pris contact avec Mark Dannau, un parapentiste originaire de Belgique qui connait bien le Chili puisqu’il y est établi depuis 9 ans. Les conseils de Mark m’ont été d’une grande aide pour les préparatifs d’Aéro-Chili. Il y a deux mois, nous nous sommes retrouvés par hasard à Iquique, dans le nord du pays. Cette rencontre était originale car, comme nous ne nous étions jamais vus tous les deux, il nous a fallu un peu de temps pour faire le rapprochement. Anne et Mark m’ont proposé de m’accueillir chez eux. C’est une invitation que j’ai beaucoup appréciée car parlant français, les discussions du soir m’ont permis d’approfondir mes connaissances sur le pays. Je tiens d’autant plus à les remercier qu’ils m’ont accueilli dans une période durant laquelle leur emploi du temps était chargé. Etant gérants de l’agence de voyage Korke qui organise des circuits au Chili, Anne et Mark avaient beaucoup de travail et un de leurs enfants était en pleine période de révision du bac. Merci à eux !

DSC03279

 

Une organisation du territoire hétérogène

     Il est 9 heures. Après un kilomètre de marche dans une forêt d’eucalyptus, j’arrive à un terrain de décollage paradisiaque…comme ceux du Saintois : de l’herbe et du vent. Je m’envole au-dessus de paysages qui ne me donnent pas envie de retrouver le plancher des vaches. Mais la vitesse du vent augmente soudainement et même avec une configuration de la voile de parapente très rapide, j’avance difficilement. Je suis obligé d’atterrir sur une dune de sable, à trois kilomètres de la maison. J’y reviens en stop.

P1140026     Le secteur survolé est très intéressant vu du ciel. On pourrait rester longtemps devant cette photo à en analyser la composition.  Il y a tellement de choses à regarder que chaque élément qui la constitue vaut le détour : les montagnes de la Cordillère de la Côte, une plaine très diversifiée avec des bosquets d’eucalyptus, des prairies, des cultures et des habitations éparses. Ce paysage est traversé par des rivières permettant de remplir des réservoirs d’eau (à gauche). On remarque aussi la présence de nombreuses haies qui confèrent au paysage cet effet « désordonné ». Elles segmentent le territoire en matérialisant les axes de communication et en délimitant les parcelles agricoles.

 

Le rôle des haies

     Les haies du secteur survolé constituent un intérêt paysager et écologique majeur d’autant plus qu’elles sont polyspécifiques. Elles sont en effet constituées de plusieurs espèces d’arbres et de buissons, même si leurs essences sont dominées par l’eucalyptus.

P1140025     En plus de délimiter les parcelles, les haies fournissent du bois pour les petits travaux, le chauffage et les piquets de parcs. Grâce à leur fonction de brise-vent, elles protègent les cultures de la brise marine parfois très forte dans le secteur.

     Elles servent également d’abris pour le bétail en lui faisant de l’ombre et en augmentant la sensation de fraîcheur grâce à l’évapotranspiration des végétaux. Elles constituent surtout un refuge pour de nombreuses espèces.

     La haie a une fonction de protection des sols en limitant l’érosion d’origine éolienne ou hydrique. En effet, l’infiltration de l’eau le long de ses racines s’oppose au ruissellement, et donc, à la perte de sol. Même si en plaine ou le long de la côte le relief n’est pas très marqué, la texture sableuse du sol le rend fragile face aux risques d’érosion. En atteste cette photo prise dans une parcelle de luzerne et de moutarde à Santa Adela :

DSC03033     Les haies ont un potentiel écologique élevé. Elles constituent une réserve pour la biodiversité en offrant un habitat pour de nombreuses espèces, mais surtout en formant des corridors écologiques. Ceux-ci permettent aux espèces de se déplacer entre différents sites utilisés pour l’accomplissement des cycles biologiques. Il faut se les représenter comme des voix de communication pour la faune, mais aussi pour la flore ! … Car les animaux permettent le transport des graines et des pollens.

     Dans une moindre mesure, mais c‘est quand même le cas dans le secteur survolé, les haies servent de protection visuelle pour des propriétés privées par exemple.

P1140007      Au premier plan, le réseau de haies permet de relier « l’écosystème dune » du rivage (visible sur la troisième photo ci-dessous) à ceux de l’intérieur des terres. La  grande ville à l’arrière plan, près de la ligne d’horizon, s’appelle Valparaiso. Elle abrite 300 000 habitants et s’étale sur 42 petites collines ! Au plan médian se trouve un ensemble de bâtiments blancs. Il s’agit d’une usine BASF produisant des ammonitrates pour la fertilisation agricole. A sa droite se situe la ville de Concón.

P1140020     Située au bord de l’océan, cette ville a tout pour plaire. Elle est construite sur une dune dont la superficie ne cesse de diminuer à cause des constructions résidentielles. En effet, depuis cinq ans, l’édification d’habitations dotées d’une vue imprenable comme les immeubles blancs a complètement défiguré le paysage. Il n’est donc pas rare de constater, en certains lieux urbains qui ont recouvert l’ancienne dune, d’importants affaissements de terrain laissant apparaître le sol originel : du sable.

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Les dunes

     Le sable…c’est aussi lui qui a façonné ce paysage dunaire aussi beau qu’inattendu.

P1140022     Les dunes, situées à proximité de la commune de Quintero, s’étendent sur six kilomètres. Ce cordon dunaire est qualifié d’ « avant-dunes ». Il est parallèle à la côte et juxtapose la plage avec laquelle il s’approvisionne en sable. A son maximum, ce relief de sable s’enfonce de deux kilomètres dans les terres. Il donne d’ailleurs l’impression de grignoter les surfaces enherbées situées en sa frontière. C’est sur ces dunes que j’ai atterri. En les cheminant et avec une brise marine soutenue, j’ai pu effectivement constater que le vent déplace la dune en déposant du sable à l’arrière de celle-ci. La limite entre le sable et l’herbe est nette ; ce qui signifie que la dune avance et peut, à terme, représenter un danger d’ensablement pour les propriétés et habitations environnantes. A contrario, avec une altitude d’une trentaine de mètres, elle permet de protéger ces zones face au vent.

DSC03128     La dune constitue également un habitat pour une faune et une flore bien particulière.

P1140076     On trouve notamment des espèces végétales spécifiques qui participent à stabiliser la dune. La flore dunaire doit faire face à plusieurs contraintes comme la mobilité du sable, la pauvreté en éléments nutritifs, la relative salinité de l’eau et l’intensité du vent. Elle a donc développé des adaptations physiologiques lui permettant de coloniser ce milieu si particulier :

·         un système racinaire bien développé et profond pour puiser l’eau et résister au vent.

·         une réduction de la surface des feuilles : moins d’évapotranspiration et de prise au vent.

·         une cuticule épaisse. Cette fine couche de cutines et de cires recouvre la surface des feuilles et limite l’évapotranspiration.

     On trouve donc des plantes dites psammophiles, qui sont des végétaux capables de vivre dans les terrains sableux ; des plantes halophiles, adaptées aux conditions salines du milieu et des plantes xérophiles qui sont adaptées aux sols peu pourvus en eau. Sur la dune de Quintero, on trouve par exemple le Gaillet des sables (Galium arenarium) et l’Orpin brûlant (Sedum acre - deuxième photo).

Gaillet des sables (Galium arenarium) Orpin brûlant (Sedum acre)

 

P1140069     La photo a été prise à partir de l’extrémité Nord de la dune en direction du Sud. Il s’agit d’une zone relativement bien végétalisée contrairement au secteur central de la dune. La densité floristique se retrouve surtout au niveau de l’avant-dune comme le précise la photo suivante.

P1140074     L’orientation des sillons contre la plage indique la direction du vent dominant. La ligne droite coupant l’image parallèlement au rivage est en fait une ligne de chemin de fer. Elle permet d’acheminer quotidiennement des plaques de cuivre venues des mines environnantes vers des unités de transformation du métal, avant d’être exportées par bateau.

DSC03247     L’avenir de cette dune dépendra donc de l’interaction entre la croissance et le taux de couverture des plantes, la vitesse du vent et les mouvements du sable.

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