Un pôle d’excellence en aquaculture marine
Tongoy dispose d’un organisme unique en son genre au Chili : « Fundacion Chile ». Il s’agit d’un centre de développement et de transfert technologique appliqué à l’aquaculture marine. Il fédère des autorités locales, des associations de pêcheurs et une société « Ad hoc » résultant de la création du projet en 1982.
Entièrement financé par l’état (1 million d’euros), ce programme vise à renforcer la qualité des poissons et des huîtres par amélioration génétique. Attention, il ne s’agit pas de modification directe de l’ADN par l’homme telle qu’on peut par exemple la rencontrer avec les plantes OGM, mais il s’agit d’un travail de croisement/sélection entre individus différents d’une même espèce. Ceci permet d’obtenir des produits qui présentent de bonnes performances de croissance, des propriétés gustatives et des qualités de conservation idéales. En fin de croissance, les poissons sont vendus à des éleveurs-pisciculteurs. On trouve la Corvina, la Carangue chilienne et la Sole (Solea Vulgaris).
Ces cuves sont des cultures de micro-algues pour l’élevage des huîtres japonaises (Crassostrea gigas), des moules et des pétoncles chiliens (Argopecten purpuratus). Ces derniers ressemblent aux coquilles St-Jacques.
Ce pôle de recherche emploie 6 personnes et dispose d’infrastructures impressionnantes. Il possède aussi un parc à huîtres pour des activités analogues à celles de l’amélioration des poissons. Il s’agit des lignes blanches ci-dessous.
Gisement de calcaire
En survolant Tongoy, j’ai eu la surprise d’apercevoir un gisement de couleur blanche. Il s’agit d’une mine de calcaire exploitée par la société Yepito. Ce calcaire est ensuite exporté vers Santiago pour l’élaboration de la chaux. Cette poudre blanche a de multiples utilisations. On s’en sert en agriculture pour remonter le pH des sols acides ; c’est le chaulage. En sidérurgie, elle permet d’éliminer certaines impuretés du métal en fusion. On utilise également la chaux dans le secteur des travaux publics pour la réalisation des chemins, dans le traitement des eaux usées et des fumées d’incinérateur. A part l'impact paysager, peu d'autres conséquences environnementales sont à mettre en avant. En effet, l'extraction de calcaire ne nécessite que très peu de produits et aucun de n'est dangereux pour l'environnement.
Un écosystème unique !
On rencontre à Tongoy un écosystème très particulier : les « Humedales ». Il s’agit de quatre zones humides originales qui se distinguent par leur complexité, leur proximité de l’océan, leur salinité et la singularité de la vie qui s’y développe. L’estuaire de Tongoy, celui de Pachingo, la lagune Salinas Chica et Salinas Grande sont les quatre Humedales. Afin de décrire ces zones étonnantes, voici un essai de schéma de l’Humedal Pachingo.
Il y a 2,5 millions d’années, la zone des Humedales était recouverte par l’océan. Il y a eu formation de nappes phréatiques d’eau salée. Puis, avec la rencontre des plaques tectoniques et le phénomène de subduction, le niveau terrestre s’est élevé, la Cordillères des Andes s’est formée et l’océan s’est retiré. Or, le sol de Tongoy est constitué d’aquifères. C’est une couche de terrain très poreuse qui lui permet de stocker de l’eau. Cette eau est saumâtre car elle résulte d’un mélange entre l’eau douce et l’eau salée de différentes nappes souterraines.
Ces zones humides ont des fonctions remarquables.
· Une fonction biologique
La biodiversité est impressionnante tant pour la faune que pour la flore. A ce titre, les quatre Humedales sont protégés par la Convention de Ramsar qui vise à assurer l’utilisation rationnelle et durable de ces zones humides et à garantir leur conservation. Alors que Tongoy s’établit dans un environnement semi-aride, les Humedales abritent de nombreuses espèces végétales ainsi que des animaux divers et variés. Les recensements les plus récents (2007) ont compté pas moins de 173 espèces, dont 15 endémiques, c'est-à-dire qui n'existent que dans cette zone à l'état naturel. On trouve 2 espèces d’amphibiens, 10 de reptiles (toutes endémiques), 145 d’oiseaux et 16 espèces de mammifères. Quatre espèces sont en voie de disparition et 11 en état de vulnérabilité. Ces Humedales sont des lieux d’abri, d’alimentation, de reproduction et d’étape migratoire pour beaucoup d’espèces d’oiseaux. C’est en été (janvier-février) qu’on en rencontre le plus. Il est possible d’observer, entre autres :
Le Pluvier argenté (1) (Pluvialis squatarola), la Bécasse (2) (Scolopax rochussenii), différentes espèces de mouettes (3) (Chroicocephalus), le Cormoran Yeco (4) (Phalacrocorax brasilianus), le Courlis cendré (5) (Numenius arquata), le Bec-en-ciseaux noir (6) (Rynchops niger), la Buse de Harris (7) (Parabuteo unicinctus), le Faucon crécerelle (8) (Falco tinnunculus), le Chimango (9) (Milvago chimango), le Chevalier à pattes jaunes (10) (Tringa flavipes), le Héron (11) (Ardea) et trois espèces de canards : Jergón Grande (12), Colorado et Real.
Les Humedales de Tongoy sont d’ailleurs concernés par des recherches scientifiques ornithologiques.
La végétation est composée d’une surprenante flore halophile (adaptée aux milieux salés) comme par exemple la Gramma salada (1) (Distichilis spicata) et la Salicorne en buisson (2) (Sarcocornia fructicosa). Il existe aussi la Pata de Guanaco (3) (Calandrinia longiscapa), la Malvilla (4) (Cristaria molinae), la Hierba del salitre (5) (Frankenia chilensis), la Guaicurú (6) (Limonium Guaicuru), une plante spécifique de la région, en danger d'extinction.
Dans un écosystème, il est possible de regrouper les organismes selon des « niveaux trophiques » correspondant à la spécificité du métabolisme de l’espèce et donc au rôle de l’une par rapport à l’autre. Toute cette vie est organisée selon une chaine trophique, similaire à une chaîne alimentaire.
• Les producteurs primaires
Ce sont les végétaux. Ils constituent le premier niveau trophique de l’écosystème. En effet, en captant l’énergie lumineuse du soleil et grâce à la photosynthèse, ils élaborent la matière organique à partir de matières minérales fournies par le milieu extérieur.
• Les consommateurs
Ils créent leur matière organique en transformant celle qu’ils prélèvent sur d’autres êtres vivants. Ils sont donc aussi producteurs (producteurs secondaires). Les consommateurs occupent un niveau trophique différent en fonction de leur régime alimentaire. On distingue deux niveaux :
- les consommateurs primaires : ils sont phytophages. C'est-à-dire qu’ils se nourrissent de végétaux.
- les consommateurs secondaires : ils sont prédateurs des consommateurs primaires.
• Les décomposeurs
Ils consomment la matière organique inerte comme des cadavres et des débris de végétaux. On les appelle donc « saprophages » (de sapros = pourri et phageïne = manger). Ce sont essentiellement des micro-organismes, des champignons et des bactéries. Ils accélèrent le processus de minéralisation de la matière organique. Enfin, cette matière minérale sera de nouveau consommée par les producteurs primaires de début de cycle.
· Une fonction culturelle
La municipalité de Tongoy a décidé d’utiliser intelligemment ces zones humides. Elle met gratuitement à disposition des visiteurs un sentier pédagogique balisé, parcourant les Humedales. Ainsi, le public peut découvrir ces sites d’une grande qualité paysagère sans risquer de les détériorer.
· Une fonction économique
Ce point sera détaillé ci-dessous, mais on peut déjà constater qu’en terme d’attractivité touristique, les zones humides confèrent à Tongoy une curiosité peu banale. Aussi, de cet écosystème original dépendent des activités agricoles de maraîchage et d’élevage. Vue sur trois des quatre Humedales de Tongoy