¡Buenos días!
J’ai posé bagages à Santiago, la capitale du Chili. Je vais y rester deux semaines afin d’y réaliser plusieurs choses : vols au dessus de la ville et de ses environs, rencontres avec des paramotoristes, réactualisation du visa, rencontre avec une association partenaire et formalités administratives pour préparer un visa états-unien lorsque le projet au Chili sera terminé.
En ce début d’article, je tiens à rendre une fois de plus hommage à l’hospitalité chilienne et en particulier à un grand homme.
Gonzalo Lopez est parapentiste et paramotoriste. A ma grande surprise, il m’a accueilli dans son appartement secondaire en me disant : « ¡Es tu departamento! » (C'est ton appartement !). Il m’a donc laissé les clés et a tout fait pour que je m’y sente le mieux possible et que je puisse travailler. Il m’a donné une clé 3G, les clés de sa voiture et même de sa moto afin de me déplacer dans Santiago !
C’est aussi lui qui m’a conduit aux lieux de décollages et m’a fait découvrir la ville. Gonzalo est restaurateur ; j’ai donc eu la chance de manger d’excellents sushis ! J’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec lui au cours des longues discussions où on parlait de tout et de rien.
C’est toujours difficile de retranscrire par les mots l’intensité d’une rencontre aussi belle qu’inattendue. Alors Gonzalo, merci mon ami ! Et à très bientôt en France !
La capitale vue du ciel !
Le décollage s’est fait depuis une zone d’activité de Santiago. C’était une partie de plaisir : terrain plat, 10 km/h d’un vent très régulier… de la rigolade par rapport aux décollages réalisés dans le Nord du pays ! Santiago est déjà impressionnante vue du sol, mais vue d’en haut, c’est encore plus saisissant !
Par mesure de sécurité, je choisis de ne pas survoler le cœur de la ville pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit quand même de la capitale et je ne tiens pas à me retrouver chez les carabineros (policiers)... Ensuite, à proximité se trouve un aérodrome dont l’axe de piste se positionne entre le lieu de décollage et le cœur de ville. Je m’en tiens donc à prendre de la hauteur…pas trop quand même car la couche de brume mélangée à la pollution atténue la visibilité.
Santiago est une ville de 5 000 000 d’habitants sur les 16 000 000 que compte le Chili. Ce qui signifie qu’un tiers des Chiliens vit dans la capitale ! A titre de comparaison, l’agglomération parisienne regroupe un sixième des 65 000 000 de Français. La ville s’étend sur 2 000 km² dans un cadre unique : posée au pied de la Cordillères des Andes et traversée par le Rio Mapocho (premier plan de la photo ci-dessous) qui est alimenté par la fonte des neiges des versants montagneux.
Le « Gran Santiago » se compose de 36 comunas (arrondissements) comme par exemple : El Bosque, Las Condes, Macul, Vitacura et Providencia où je suis actuellement. Il n’y a pas de « mairie métropolitaine » et chaque comuna est gérée par une municipalité en charge des domaines administratifs, fiscaux et éducatifs. Comme c’est la cas dans la majorité des villes du Chili, les inégalités sociales perdurent et sont bien visibles entre des comunas où vivent des Santiaguinos (habitants de Santiago) aisés (Vitacura) ou pauvres (La Pintana). Il y a très peu de signes de mixité sociale. Les différences sociales se retrouvent au niveau de l’organisation et du type d’ habitation. Dans les comunas aisées, elles sont grandes, espacées et bordées d’un environnement urbain verdoyant.
L’agencement des maisons dans les zones plus pauvres, bien que restant régulier (organisation en quadras), est plus compact avec peu de verdure.
Pendant le vol, j’ai une sensation extraordinaire : on dirait que le ville s’étend à l’infini. Partout où je regarde et sauf sur les montagnes, les maisons s’étalent à perte de vue ! Le panorama le plus impressionnant est en contre-jour…dommage.
Histoire
Des traces de chasseurs-cueilleurs nomades ont été relevées et estimées à 12 000 ans d’âge dans le sol de l’actuel Santiago. En 800 avant J.-C. des ancêtres des Mapuches (communautés aborigènes) s’établirent sur place. La région devint ensuite une plaque tournante pour le peuple incas. Le 12 février 1541, le soldat de l’invasion espagnol Pedro de Valdivia fonda officiellement la ville de Santiago et continua son invasion vers le Sud du pays. Il chargea sa femme Inés de Suarez d’assurer la sécurité de la ville contre la rebellion du peuple mapuche. Elle se montra aussi assoifée de sang que son mari puisqu’elle décapita elle-même un chef mapuche. En dépit d’attaques répétées à leur encontre, les conquistadors restèrent à Santiago ; l’expansion de la ville débuta. C’est dans ses murs que fut signée la déclaration d’indépendance du Chili en 1810. Cette année 2010 est donc importante pour les Chiliens puisqu’ils fêtent le bicentenaire du Chili.
Au fur et à mesure que la population s’accroissait, de grands chantiers de travaux publics transformèrent la ville jusqu’au début du XX ième siècle. Après la Seconde Guerre Mondiale, une industrialisation rapide généra de nombreux emplois, mais pas assez pour satisfaire la demande croissante. Il en résulta l’apparition de bidonvilles aujourd’hui disparus. On peut préciser que dans la capitale, selon la classification de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques), il n’y a plus de « cas d’extrême pauvreté ». En 1973, Santiago fut au cœur du coup d’Etat qui renversa Salvador Allende *. Le fossé entre les pauvres et les riches se creusa encore dans les années 1990 et est encore bien visible aujourd’hui.
* Voici de façon très résumée et simplifiée une période de l’histoire chilienne qu’il me paraît important d’évoquer.
En 1970, le Marxiste Salvador Allende est démocratiquement élu.
Il applique son programme politique très orienté en réformant massivement : nationalisation de nombreuses entreprises et redistribution des revenus. L’URSS vit cela d’un très bon œil pour y diffuser son idéologie. Par peur du communisme et face à une protestation grandissante, la force militaire conduite par le général Augusto Pinochet mena un coup d’état le 11 septembre 1973 renversant alors le gouvernement d’Allende.
Apparaît alors le phénomène dit de "polarisation" qui engendre un clivage entre communistes et pro-Pinochet ; commencent 18 années de dictature : interdiction des partis de gauche, suspension des autres partis et de l’activité politique, gouvernance par décret et contrôle de la presse. Avec l’escadron nommé « Caravane de la mort » qui se déplaçait en hélicoptère de ville en ville, Pinochet élimine de nombreux opposants communistes ainsi que leurs proches. Au total, 35 000 personnes furent torturées et 3 000 « disparurent ». En 1988, alors qu’il pensait se maintenir au pouvoir jusqu’en 1997, Pinochet organisa un plébiscite qu’il perdit. S’ensuivit alors la succession de plusieurs gouvernements qui s’attachèrent à reconsolider la démocratie.
En 2006, l’élection de la présidente Michelle Bachelet marqua un tournant crucial dans l’histoire du Chili. Cette mère célibataire incarne l’ouverture du Chili au monde.
Malgré des efforts judiciaires, Pinochet ne fut jamais jugé. Il mourut en 2006 à l’âge de 91 ans. Certains Chiliens lui rendirent hommage pour les bienfaits économiques qu’il apporta au pays, voyant en lui un sauveur face aux dangers du communisme ; tandis que d’autres fêtèrent la mort d’un dictateur meurtrier.
Le décès de Pinochet a refermé le chapitre de la dictature, mais on peut encore se demander si la réconciliation est bien achevée. Le Chili a déjà bien changé et continue à progresser dans le domaine social. A titre d’exemple, la peine de mort a été abolie en 2001 et le divorce s’est légalisé tardivement en 2004. Grâce à une forte expansion économique, le Chili a su se faire reconnaître sur le plan internationnal, ce qui en fait maintenant le 40 ième pays le plus développé au monde.
Climat
Santiago est bercé par un climat méditerranéen. C’est d’ailleurs la première fois que j’ai pu voler en T-shirt (oui, je sais que c’est difficile à entendre quand il neige en Lorraine). Avec une température allant jusqu’à 28 degrés en journée, ce début du mois de décembre est très agréable. L’hiver est doux avec une température moyenne de 8 degrés pour le mois de juillet. Les pluies, courtes mais intenses, ont lieu en général pendant l'hiver, causant chaque année des inondations dans les quartiers qui ne disposent pas encore de système d'égouts adéquats.
Aux portes de Santiago s’établit la zone d’activité d’où j’ai pu décoller. A l’arrière-plan, se trouve la comuna d’Huechuraba. L’autoroute, dans le coin inférieur gauche de la photo, est un tronçon du réseau appelé « autopistas urbanas de Santiago de Chile ». Par analogie au périphérique parisien, ce réseau autoroutier permet de desservir rapidement le « Gran Santiago » et d’en désengorger le centre.
La suite de l'article arrive très bientôt...