Buenos dias !
Ça y est ! Les 33 mineurs sont sortis de la mine de Copiapo ! Les médias chiliens ne parlaient que de ça et la TV diffusait 24h/24 des images des opérations de remontée. Les grosses villes ont fêté ce sauvetage au son des klaxons et avec des rassemblements de joie.
Je suis maintenant à San Pedro de Atacama (770 km de Copiapo), un des plus beaux endroits du Chili. C’est d’ailleurs une destination très touristique. San Pedro est un village-oasis de 3 000 habitants, dans le désert d’Atacama, à 2 440 mètres d’altitude. Il y a cinq jours, j'ai fait la connaissance d'Andres et Corine qui ont accepté que je plante ma tente sur leur terrain en périphérie du village. Les nuits sont fraîches (-4°C) mais la pureté du ciel étoilé en vaut la peine. Comme le débit @ est faible, je n'ai pas pu publier les photos en qualité maximale. On va faire avec...
De manière générale, il a été difficile de se renseigner sur l’environnement car l’activité touristique étant si importante pour l’économie du secteur, les gens ont tendance à relativiser certains problèmes écologiques pour ne pas effrayer les touristes. Pas facile donc de trier le vrai du faux.
J’ai quand même eu la chance de rencontrer des personnes très intéressantes qui m’ont parlé de la thématique environnementale à San Pedro.
César Pizarro, biologiste en gestion des ressources naturelles à la Conaf (administration et gestion du Salar d’Atacama) ; Julie Guirado, une anthropologue passionnée ; Diego Aramayo, responsable de la section environnement à la municipalité.
La ressource en eau
Au Chili, l’eau est un sujet très complexe. L’état n’est pas propriétaire des sources d’eau. Les ressources hydriques sont privatisées et vendues sous forme de « droits d’eau ». Seules de petites quantités sont théoriquement réservées aux communautés indigènes (Aymaras, Mapuche). Mais souvent, leurs droits ne sont pas reconnus. Les nombreux procès visant à faire reconnaître leur accessibilité à l’eau n’aboutissent pas car, comme me l’ont répété plusieurs personnes, c’est l’argent qui l’emporte. Les grosses entreprises du secteur industriel achètent le maximum de droits d’eau pour satisfaire leurs besoins. De plus, les processus de potabilisation et d’assainissement du précieux liquide sont assurés par des entreprises privées. Il y a donc un marché de l’eau.
Ici plus qu’ailleurs l’eau est devenue une denrée précieuse. San Pedro, en plus d’être construit à l’aplomb d’une nappe phréatique, est traversé par deux rivières : Rio San Pedro et Rio Vilama. Quatre acteurs se partagent l’eau : les agriculteurs, les professionnels du tourisme, les habitants et les mines. Ces dernières ont acheté et continuent d’amonceler des droits d’eau, diminuant ainsi la quantité restante pour les autres parties concernées.
L’agriculture et le secteur minier utilisent les eaux superficielles, celles des deux rivières. Depuis une dizaine d’années, le débit n’a cessé de diminuer jusqu’à devenir nul à certaines périodes pour la rivière principale Rio San Pedro. C’est en ce moment-même le cas.
En cause, des mines dont celle de Chuquicamata (voir article précédent) qui, grâce aux droits d’eau, ont installé des déviations à proximité des sources dans la précordillère des Andes. Elles acheminent l’eau directement aux sites miniers pour les processus industriels d’extraction du cuivre par exemple, via de gros tuyaux longeant la route.
Pour essayer de réguler le débit d’eau, des réservoirs ont été construits en amont du village pour stocker le liquide pendant la nuit, et le libérer la journée, lorsque les besoins sont importants. Il est déversé dans un petit canal bétonné pour minimiser les pertes.
Ce manque d’eau a engendré pour les agriculteurs de grosses difficultés à irriguer leurs parcelles. Le nombre d’exploitations ne cesse de diminuer et à San Pedro même, il ne reste plus qu’un agriculteur dans le Sud du village. En le survolant, j’ai pu remarquer des terres abandonnées.