Problèmes liés à la mine :
Au Chili, beaucoup de problèmes de pollutions sont associés au secteur minier. La mine de Chuquicamata en est un concentré : pollution atmosphérique, pollution de l'eau et contamination des sols.
Pollution atmosphérique :
Le minerai de Chuquicamata est le plus riche en cuivre de la planète mais il contient aussi une teneur élevée en sulfate. C’est pourquoi, lors du process, la fonderie de cuivre émet une grosse quantité de particules de dioxyde de soufre.
Cet élément toxique se retrouve aussi dans les nuages de poussière libérés par les explosions et par le déplacement des camions dans le puits de la mine. J’ai pu constater la présence permanente d’un épais nuage qui se déplace au grès du vent dans les environs de Chuquicamata.
Le minerai contient 1% de cuivre. Cela signifie qu’après extraction, concassage, broyage et flottation, 99% des roches traitées deviennent des déchets miniers.
Or, ces déchets représentent un volume immense. Les déchets du processus de flottation occupent à eux seuls une surface de 48 km2 ! La photo ci-dessous n’en est qu’un petit aperçu !
De plus, ils contiennent encore des minéraux sulfuriques, telle que la pyrite. Celle-ci, en s'oxydant, dégage une grande quantité d'acide sulfurique (4 moles d'acide sulfurique pour 1 mole de pyrite). La fonderie libère aussi de grandes quantités d'arsenic dans l'atmosphère. Les ouvriers qui respirent ces particules sulfurées à longueur de journée n’ont pas le droit de travailler plus de trois ans dans la mine. Carlos m’a expliqué qu’ici plus qu’ailleurs, le nombre de maladies respiratoires tend à augmenter. Calama s’équipe d’ailleurs d’un nouvel hôpital, en ce moment même en construction.
Dans la description de la mine, j’évoquais une ville abandonnée. Elle s’appelait également Chuquicamata et en 2004, elle a été totalement vidée de ses habitants pour cause de pollution…officiellement. Car sous les fondations de la ville se trouve bien évidemment du minerai ; situation favorable à l’expansion du puits. Lors de la visite du site minier, il nous a été impossible de rentrer dans cette ville désaffectée dont, d’après mes deux compères chiliens qui travaillent dans la mine, la destruction a déjà commencé.
Au centre de la photo, on voit effectivement qu’un nouveau puits se rapproche des anciennes habitations.
En 1992, la ville avait été déclarée zone saturée en particules respirables et polluants. Mais, c’est seulement 12 ans plus tard que la société CODELCO décida de reloger les habitants à Calama dans des lotissements flambant neufs où je suis actuellement.
Contamination de l'eau et des sols :
La pollution de l'eau a deux origines. Elle découle d’une part du rejet d’eaux usées utilisées lors du processus de fabrication du cuivre et d’autre part de la retombée atmosphérique des particules soufrées sur les montagnes environnantes. Les résidus nocifs sont entreposés à même le sol, dans le Salar de Talabre, où, à l’occasion d’un passage à proximité, Ricardo a insisté sur la toxicité de ce site.
L'institut national de recherche agricole du ministère chilien de l'agriculture a examiné la teneur en métaux des sols du Chili, tout particulièrement en cuivre et autres éléments intervenant dans sa production. Ces études entreprises dans les années 80 ont visé à déterminer les effets sur l'agriculture des concentrations élevées en particules d’origine anthropique mesurées dans les sols. Il s’avère qu’à certains endroits, la détérioration des sols a été jugée importante. Les plus grands risques se posent à proximité des zones de minerai de cuivre et donc, autour des installations minières.
Beaucoup d’infrastructures de la CODELCO sont vétustes et causent des problèmes de pollution. Certaines installations existent depuis 50 ans. Des sites ont même dû réaliser des plans de décontamination, les obligeant à établir des programmes de reconversion, afin de respecter les normes nationales et internationales en matière d'environnement. En surfant sur le site @ de la CODELCO, on apprend que durant la période 1994 - 2000, la société a investi 773 millions de dollars dans des « projets environnementaux » comme la réduction d’émissions de particules polluantes, l’amélioration de l’efficacité d’utilisation des ressources hydriques et énergétiques.
Même si des efforts sont clairement affichés, l’exploitation minière du cuivre au Chili reste néanmoins une activité fortement polluante qui, pour produire un métal dont le prix mondial a bondi de 30% sur la période juin 2009 – juin 2010, est en perpétuelle croissance : 2% par an.
A bientôt pour de nouveaux vols !
Certaines informations proviennent de : www.codelco.com / www.unil.ch / recycling.skynetblogs.be